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Claude Elies dit Chouf

Interviews - Chouf
 Interview de Claude Eliès dit « Chouf »

Vous avez dit "stage Belon" ?
On est à la fin des années 1960, l'été s'achève. Pour le dernier stage de la saison, un seul inscrit en "initiation à la croisière côtière". Mais le stage était programmé, il aura lieu. Têtus, ces Bretons !
Le chef de bord promu ipso facto chef d'escadre et son stagiaire partent donc. Au programme le parcours habituel entre Port-Manech, Groix, les Glénans et Concarneau.
Ledit stagiaire en était à sa troisième expérience sur Belon et le moniteur n'avait plus rien à lui apprendre, ni dans la manoeuvre, ni dans la signalisation, ni dans la navigation.
Temps de curé en cette fin d'été : ciel bleu, mer plate, vent force 0,5. Pour passer le temps, l'équipage gréée le Belon en yawl : l'aviron ligaturé sur le safran est dressé à la verticale, la gaffe à l'horizontale devient bôme et le tourmentin se métamorphose en voile d'artimon.
Et vogue la galère ! Avec une vitesse d'à peine 2 noeuds, ca vaut la peine de mettre les lignes à l'eau. Et ca mord !
Le soir, l'équipage fait le menu et prépare le repas : en hors-d’oeuvre, du tacaud ; en entrée, de l'aiguillette ; en plat principal, une daurade ; en accompagnement, du maquereau ; et en dessert, du merlan.
L'équipage a le courage de résister à la tentation d'ouvrir une boîte de sardines pour clore ce dîner de gala. Il ne faut pas être trop gourmand.
L'anecdote narrée ci-dessus est absolument authentique. Peuvent le jurer le stagiaire qui s'appelle Gérard Borie et son mono qu'on appelle Chouf.
 
Une autre anecdote contée par Chouf (Claude Eliès)

Les écoles de voile finistériennes avaient décidé de mutualiser leurs moyens et leurs actions, dans le cadre de l'UDNF "Union pour le développement du nautisme en Finistèreère" en matière de croisière semi hauturière. Pendant quelques années une flotille de trois Mousquetaires était basée en été à Plymouth.
Les stagiaires découvraient le charme des petits ports de la Cornouaille britannique (Loe, Polpéro, etc.). La relève des équipages se faisait chaque semaine par ferry au départ de Roscoff.
Me voici donc, chef de bord, débarquant à Plymouth avec mon équipage et les deux autres. Une fois franchis le poste de police et le contrôle des douanes nous entendons un très sonore "Hello Chouf ! ". A mes équipiers, qui me regardent un peu ébahis, je lance : "Ne soyez pas étonnés, c'est comme ca dans à peu près tous les ports de la planète." Je lus dans leur regard une grande admiration. "Ouais, balze le mec, un grand baroudeur, une grosse pointure. On a de la chance d'être tombé sur un mono pareil." Quelques précisions s'imposent : c'était la première fois que j'abordais dans un port étranger, je n'avais jamais mis les pieds sur le sol anglais. Le seul Anglais que je connaissais habitait à Leicester, à 400 km de la
mer (on ne peut être plus loin en Grande-Bretagne) et, sachant que nous ne restions à Plymouth que le temps de faire l'inventaire du bord avec les équipes précédentes et de faire les vivres avant d'appareiller, je n'avais pas jugé utile de l'aviser de ma venue sur son sol natal.
Mais voilà, mon copain est membre de RNLI (Royal National Life Boat Institution) et officiait en tant que guide bénévole dans le cadre d'une exposition (sur l'eau) de bateaux de sauvetage, manifestation bien entendu destinée à recueillir des dons. C'est donc par le plus grand des hasards qu'il se trouvait à proximité immédiate du poste de douane lorsque j'ai franchi le sas. A quelques minutes près on se ratait.
Mais tout ceci n'a rien à voir avec Rosbras-Brigneau, me direz-vous. Eh bien, détrompez-vous !
Ce copain, j'ai fait sa connaissance sur la Côte d'Azur où nous officions, tous les deux comme moniteurs de voile (rétribués) dans un camp de vacances d'adolescents. Nous avons sympathisé, je lui ai parlé de "l'esprit Rosbras" et, notre séjour méditerranéen terminé, il est monté dans ma "deudeuche" et m'a accompagné jusqu'à Riec où il est devenu, comme moi et comme beaucoup de ceux qui liront ces lignes, moniteur bénévole et rosbrasien dans l'âme. Il ne savait pas qu'il avait mis les pieds dans une des plus actives agences matrimoniales de Bretagne : ca n'a pas loupé, il est tombé amoureux d'une stagiaire qui était tombée amoureuse de lui et qui est toujours son épouse plus de quarante cinq ans après.
Certains le connaissent, il s'appelle Peter Bowden.
Qui recensera un jour le nombre de couples qui se sont ainsi formés au CNRB ?
Le défi est lancé !
 
Le permis mer
 
En 1966, la réglementation change. Pour être jugé apte à l'enseignement bénévole de la voile, le CAEV ne suffit plus, il faudra aussi être titulaire du permis moteur. Donc, au traditionnel stage de Pâques de formation des futurs monos, nous ajoutons un module "préparation de permis A".
Chouf faisait partie de l'encadrement de ce stage de formation, mais ne possédait pas le permis puisqu'il n'était pas exigible auparavant. Il s'inscrit donc à l'examen et planche le matin avec les stagiaires dont il avait la charge lors des épreuves théoriques et devient l'après-midi, en tant que responsable de la formation, correcteur des dites épreuves !
Le lendemain, on passe aux épreuves pratiques. En début de matinée, Chouf va chercher le "Rosbras" au mouillage, vient à la cale embarquer l'administrateur des Affaires maritimes et le syndic des gens de mer, jurés de l'examen, ainsi que les deux premiers stagiaires candidats qui effectuent les tests de manoeuvrabilité, accostage, homme à la mer, etc. Puis il ramène les deux premiers postulants à quai avant d'embarquer les deux suivants, et les rotations se succèdent ainsi tout au long de la matinée.
La fin de la matinée approchant, Chouf remarque que l'un des examinateurs reluque de plus en plus la terrasse du café sur le port. Consultant sa fiche de candidats il constate : "Ah il n'en reste plus qu'un, Claude Eliès". Quand Chouf leur a dit qu'il s'agissait de l'individu qui les avait pilotés toute la matinée, la conclusion a été : "Bon, si on allait boire un petit muscadet maintenant !"
 
Allez, une dernière
 
Peu après le décès d'Yvon, Georges Rioual, président depuis de nombreuses années, décide de passer la main (1981). Au sein du comité directeur nous sommes un peu pris de court. Et puis voilà que les copains me demandent d'accepter de prendre le relais, ce à quoi je ne m'attendais absolument pas. J'accepte pour dépanner.
Contretemps : à la demande d'Alain Despierres, inspecteur départemental de l'éducation nationale, Yann Cornic a pris la relève d'Yvon au centre de classes de mer de Brigneau. En tant que président, j'assiste comme il se doit aux réunions de l'AFDCM (Association finistérienne pour le développement des classes de mer) créée par Jacques Kerhoas* (à qui je succéderai en tant que directeur du centre de classes de mer de
Moulin-Mer à Logonna-Daoulas de 1989 à 1999, mais ceci est une autre histoire). L'AFDCM a son siège à l'Inspection académique du Finistère. L'inspecteur de l'éducation nationale délégué par l'inspecteur d'académie aux classes transplantées s’appelle Jean-Pierre Dussault, qui est par ailleurs chargé de l'inspection des profs de français en collège en Finistère Sud. Je suis justement enseignant dans cette matière au collège de Parc Arc'hoat à Moëlan quand Jean-Pierre vient pour m'inspecter, je vous dis pas la tête du principal en entendant l'inspecteur me saluer par "Monsieur le Président, comment vas-tu".
 
* 1ère classe de mer en France à Moulin-Mer en mai 1964.
1ère classe de mer à Rosbras (classe de Jean-Jacques Vivien, école de Kermoulin à Moëlan) en septembre
1964.

Date de création : 23/12/2020 - 17:51
Catégorie : - Interviews
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