Contribution de Jean David
Jean David
C’est la radio qui m’a fait venir à Rosbras. Yvon Hémery passait à la radio sur France-Inter. Il expliquait qu’il avait inventé les sports d’hiver en Bretagne et qu’il ouvrait le centre de voile à Noël pour un stage.
Mes parents voulaient me payer un séjour à la neige, je n’en avais pas vraiment envie. Je faisais déjà un peu de bateau. C’était à Noël 1966 ! Je me suis renseigné auprès de l’Occaj avec qui j’avais déjà fait un séjour.
Premier contact : « Pour les adultes à partir de 18 ans, j’avais 17ans, j’aurais eu 18 le 6 janvier et le stage se terminait le 31 décembre, donc l’Occaj me dit « téléphonez là-bas ». Je suis tombé sur Yvon : « Et alors? me dit-il ! Ben, tu viens ! ».
Je suis venu de Paris. Je ne suis pas revenu à Pâques. J’avais un concours d’entrée à HEC.
Je suis revenu après l’été 1967. Stage croisière Belon. J’avais fait de la voile avant. Le bateau était en finition fin juin début juillet avec Sylvie Truffaut, chef de bord. (J’ai les plans du Bélon). Après mon stage qui s’appelait, je ne sais plus : P2, perfectionnement 2, chef de bord Bélon ?
Yvon me dit : « si tu veux revenir, tu reviens quand tu veux »
Une semaine après, je suis revenu de Paris… « Bon, ben, tu prends l’escadre ! » Trois bateaux et le tour du périmètre avec Gilles Saunier et un Groisillon qui était bourré à 9 heures...
Avant, j’avais fait pas mal de stages de voile à Brest au Moulin Blanc (cara, vaurien), 15 jours en internat, un stage croisière à Granville (stage oct./noël 67/68)
Après, je suis revenu en février 68. On a commencé à mettre en place le fameux comité technique des moniteurs. Il y avait Michel Menant et beaucoup d’autres (liste à trouver après) voir Cahier Yann Cornic
C’est à partir de ce moment-là, qu’Yvon nous a laissé prendre un peu l’organisation en main, le fonctionnement des bases avec les « coordinateurs », il n’y avait pas de « chefs »…
Été 68, le centre était plein : tout le monde avait atterri là. Il y avait Hugues Jeanniard du Dot… On en avait un peu marre de Paris.
J’ai du faire un stage en entreprise pour l’école… Que j’ai fait à Rosbras.
Il y avait quand même un cadre strict et une utilisation maximale des bateaux ; c’est ce que je rappelle dans mon rapport de stage. Une grande liberté ! D’un côté, il y avait cette sensation de pouvoir faire un peu ce que l’on veut, de prendre des initiatives et des responsabilités, mais, d’un autre côté, le planning des stages était très encadré pour favoriser l’utilisation maximale des bateaux. Ça démarrait à l’heure ! 9 h au port de Rosbras, même si tu avais fait la fête le soir… La participation aux activités était obligatoire. Réveil à 7 h du matin en fanfare… avec le bagad de Lann-Bihoué ou autres choses toniques qui réveillaient, bien sûr, tout le quartier.
Il y avait une discipline acceptée et une bonne conscience de la sécurité
L’intégration locale ? Je ne sais pas si on était très intégrés… On a intégré des locaux.
Après, j’ai été coordinateur à Brigneau, je me suis occupée du désarmement des bases. Beaucoup de bénévolat !
Après, j’ai acheté un bateau, le Men Goé, je me suis marié, je restais au comité directeur.
J’ai participé à un premier séjour de classes de mer de Paris en mai 1971. Yvon avait besoin de bras. Je n’étais pas particulièrement qualifié comme animateur en milieu marin, mais il y avait Youn Furic à ce moment-là, et j’ai fait venir Bernard Beaujean. « Tu seras mieux que moi avec les mômes sur l’eau… » et il y avait besoin de quelqu’un à terre ; je m’y suis consacré. C’était une école de la rue Pigalle.
Les gamins levaient les filets avec le Jerry, bateau de sécu avec aux commandes « le père Louis ». Yvon leur disait : « Ça c’est un lieu… Puis, ça c’est une vielle… » Et le gamin, voyant un autre poisson, demande : « Et celui-là, c’est quelle marque ? »
C’était une expérience intéressante et le début de la relation avec Paris, il y en a eu de nombreuses par la suite. Et, c’était sans discussion du tarif. Ils venaient avec leurs encadrants à terre. On avait eu que les tarifs parisiens, c’était idéal !
Avant de faire un grand saut dans le temps, tu te rappelles de Spézet ?
J’avais soumis un plan de séparation de la propriété des bateaux, une espèce de scop de gestion des moyens, de manière à pouvoir aussi utiliser le parc nautique pour une utilisation en location auprès des membres
A l’époque, il y avait eu des réactions très vives, un instinct de propriété…
« Si on perd la propriété de notre outil de travail, on est plus maître de rien ! »
J’ai retrouvé aussi dans les documents, un projet de chantier à créer avec Jeunesse et Marine. On avait fait un prévisionnel avec Jean-Louis… Un projet ambitieux au moment des Randonneurs, après le décès d’Yvon. Il était prévu de faire 15 Randonneurs et 12 bateaux de servitude. Compte d’exploitation, plan de financement… Jean-Louis a du sentir que cela était un peu osé tout cela… C’était en 1981 - 1982 !
En Juin 1989, il y a eu la mise en liquidation…
Au début, il y avait un montage qui devait permettre de régler les dettes.
Xav : « Ce qui nous a vraiment gêné, c’est d’abord la différence du coût de la place embarquée entre le début des activités et la suite. Dès que l’on est passé au plastique, au catamaran, etc. On est quand même sur des places embarquées qui sont pratiquement au double du prix initial. Ensuite, les mises aux normes de tous les bâtiments qui avaient été faits de manière assez empirique : refaire les accès pompiers, les classes de mer de Brigneau, des faux plafonds, dans les réfectoires au dessous des poutres en bois… »
Séquence 15’17”
Les causes des problèmes rencontrés
Moi, j’ai repris en 1987, et il y avait déjà eu trois années déficitaires, je crois. En 1987, il y avait eu des licenciements. Il y avait eu l’engagement d’un certain nombre d’investissements alors que l’on n’avait pas les fonds pour le faire.
Il y avait Rosbras et puis le renouvellement de la flotte (les Lasers, les Catas)… Ceci étant, 1987 a été assez exceptionnelle en fréquentation, il y a eu beaucoup de monde. Bon chiffre d’affaires, mais perte quand même !
On avait beaucoup rempli avec le Finistère dont les prix étaient faibles. Il y avait des stages avec une boîte de la région parisienne qui nous envoyait du monde, un courtier en séjours de jeunes qui nous balançait des séjours au dernier moment. « Je vous envoie 50 gamins. Ils ne savent pas qu’ils viennent faire de la voile, c’est pas grave ! Voilà, je les ai casés ! »
Et donc, comme on était peut-être pas ......., il y avait donc eu une grosse fréquentation en 1987 qui n’est pas revenue en 1988.
88, il y a une baisse de chiffre d’affaires et on est aussi en perte.
En même temps, j’avais essayé aussi de faire un certain nombre d’investissements obligatoires pour recevoir du monde. À Brigneau, on nous a imposé de faire des faux plafonds pour qu’il n’y ait pas de bois dans les salles à manger au-dessus des tables des enfants. Dans la cuisine aussi, il ne fallait pas de bois. Tout cela pourtant était peint, mais les services vétérinaires avaient exigé ces modifications qui avaient mobilisé toute notre capacité d’investissement déjà très limitée.
Plus quelques investissements de sécurité sur Rosbras. En plus, j’avais fait rénover un peu la qualité de l’accueil dans les dortoirs (des lambris extérieurs). En bateaux, on avait rien acheté sauf 6 Pschitt d’occasion à Crozon. Les GK 24, des bateaux de croisière d’occasion aussi à 50.000 francs pièce, histoire d’avoir une flotte un peu plus « sexy »… Tout cela a été engagé alors que l’on était toujours en déficit.
En arrivant au printemps 89, avant le démarrage de la saison, j’avais dit à Do : « On passe pas l’hiver ! »… Compte tenu du taux de remplissage et des marges que l’on avait. Ce qui a conduit à demander d’abord la mise en règlement amiable. C’était une opération discrète. On demandait au Tribunal de désigner un médiateur pour négocier avec les créanciers. Le tribunal a désigné Maître Corre, à Brest, qui, lui, n’a attendu qu’une chose : c’est que ça se casse la figure ! Il n’a rien négocié du tout. Il a attendu que l’on soit en cessation de paiement, là, il s’est fait nommer mandataire : il était réglé sur tout ce qui passait dans ses mains…
On est passé en redressement judiciaire en septembre ou octobre : il n’a rien fait, puis dépôt de bilan en fin Novembre 2009. Le centre nautique dépose son bilan ! Tout le monde s’attendait à ce que l’on licencie et, moi, je n’avais plus que les permanents. Il n’y avait plus de saisonniers, de cuisinières. Comme permanents, il y avait Kléber, Jean-Jacques Mélou, les secrétaires, Jean-Noël Picol à l’entretien pendant l’hiver et animateur en milieu marin pendant le printemps, soit 6 ou 7 permanents.
On me disait : « Il faut licencier, réduire vos frais ! ». Je disais : « Écoutez ! Si on licencie maintenant, on ne repart pas ! »
J’avais quand même l’argent des classes de mer de l’automne qui rentrait et qui permettait d’assurer le quotidien jusqu’à l’arrivée des nouvelles classes de mer à partir de mars.
Corre était mandataire des créanciers et on m’avait laissé la gestion. Il n’y avait pas d’administrateur. Et, comme on était une association, ce n’était pas le Tribunal de commerce mais le Tribunal de grande instance. On était suivi par la présidente du Tribunal qui ne connaissait rien aux affaires, mais qui a bien géré le dossier quand même.
On a essayé d’abord de recruter au Salon nautique sur le stand de l’UDNF, de la NEF plutôt… Pendant ce temps-là, il y avait des manifs à Moëlan pour soutenir le centre (400 personnes).
Avant de déposer le bilan, on avait essayé de se réunir avec les élus pour leur dire : « On est au bout de rouleau maintenant ! La seule solution, c’est que, dans la mesure où les communes ont garanti les emprunts sur nos locaux, vous deveniez propriétaires des locaux… Vous nous les rachetez, on paye les dettes !Vous êtes propriétaires de quelque chose, tandis que si vous laissez filer le truc, vous paierez les cautions mais vous n’aurez rien ! ».
Séquence 15’30”
Dans les mairies, il y avait Jo Le Bourhis à Moëlan et Jean Le Meur, conseiller socialiste à Riec. On n’a pas réussi à les convaincre ! On a dit : « On arrête de jouer, on dépose !»…
Catégorie : - Contribution au chantier
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