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Interview de Simone

Extraits de l'entretien avec Simone qui pilota les destinées de la cuisine de Rosbras pendant 14 ans :

"Dans tous tes souvenirs par rapport au centre, que gardes tu, Simone, comme meilleurs souvenirs ?

Simone, sans hésitation et avec forte conviction : « C’est être parmi tous ces jeunes là ! Parce qu’on avait pas le temps de penser à autre chose » ! Puis, le regard malicieux : «On était rajeuni dans tout ça ! » Enfin, illustrant son propos et, cette fois, riant de bon cœur  : « Quand ils chantaient à table, moi, je chantais en même temps qu’eux ! »

A 86 ans, Simone, alerte et l’esprit vif comme dans nos mémoires, garde un souvenir précis des bons moments de sa vie au centre. Elle en a aimé l’animation, ces jeunes partout autour d’elle, le travail en équipe où elle s’est fait une amie, Yvonne,  qu’elle évoque avec émotion. Oui, Simone ne regrette en rien cette décision qu’elle a prise un beau jour de devenir cuisinière pour le centre, elle qui n’avait jusque là, cuisiné que pour les siens.

Simone a rappelé combien l’ouverture du Centre a changé sa vie. La vie de quelques autres, aussi. A Rosbras, on voyage peu et les distractions sont rares à cette époque. L’arrivée de cette école perturbe quelque peu. On voit d’un œil circonspect ces jeunes qui paraissent si libres dans leurs manières vaguement hippies. Des jeunes urbains, par surcroît. Qu’est-ce qu’ils connaissent de la mer ? Une école de voile, est-ce raisonnable ? Comment vont-ils s’y prendre ? On guette sur le port. On les regarde sortir les bateaux, effectuer les manœuvres. Jean-Paul évoque aujourd’hui encore le regard de son père, pêcheur professionnel qui, au fil du temps a su apprécier l’évolution et la ténacité de ces garçons et de ces filles qui, décidément, en veulent. Des opiniâtres, des déterminés. Voilà qui les rend de plus en plus sympathiques aux autochtones .

L’expérience de l’école de voile de Rosbras dans un vivifiant mélange intergénérationnel et brassage de jeunes urbains et de locaux n’a-t-elle pas constitué pour un temps une forme d’espoir social partagé qui manque cruellement aujourd’hui ? Ou plutôt, comme aimait à le dire Yvon Emery et le rappelle Lylène : « De toute façon, ce n’est pas une école de voile, c’est une école de bonhommes ! ».


Date de création : 29/06/2022 - 10:32
Catégorie : - Interviews
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